La présentation par département
LA PRÉHISTOIRE ET LA PROTOHISTOIRE (12000 AV. J.-C. – 1ER S. AV. J.-C)
Les collections de Préhistoire et de Protohistoire du Musée Sainte-Croix comportent plus d’un million de pièces, témoins de 400 000 ans d’histoire locale. Les plaquettes gravées de la grotte de La Marche (Lussac-les-Châteaux) constituent un ensemble remarquable de l’art magdalénien, de renommée internationale.
La fin du Néolithique, mise en exergue à travers le site du Camp Allaric (Aslonnes), est une période riche en innovations technologiques telles que la céramique et la métallurgie. Les dépôts de l’Âge du Bronze (Notre-Dame d’Or, Le Verger-Gazeau, Vénat) et le mobilier funéraire du premier Âge du Fer (sépulture du Mia, Saint-Georges-lès-Baillargeaux) sont les témoins de la haute maitrise de l’art de fondre et couler le métal en Poitou.
Pendeloques, bracelet et pectoral, alliage cuivreux et fer, sépulture de Mia,
Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Vienne),premier Âge du Fer

L’ANTIQUITÉ GALLO-ROMAINE (1ER S. AV. J.-C. – 5E S.)
Présentées autour des vestiges gallo-romains mis au jour lors de la construction du musée, de riches collections antiques témoignent du passé prestigieux de Limonum, nom antique de Poitiers. Le trésor de Chevanceaux rappelle que les Pictons (un des peuples de Gaule) frappèrent monnaie, avant que ne s’impose le monnayage des empereurs. Des offrandes déposées dans une tombe d’Antran évoquent la romanisation du Poitou dès l’époque d’Auguste. La riche collection lapidaire d’où se détache la statue de marbre d’Athéna, d’inspiration grecque, née des mains d’un artiste de Rome à l’époque augustéenne, renvoie à l’apogée de la capitale pictonne. La verrerie tient une belle place au sein des collections, issue pour l’essentiel de la nécropole des Dunes.
Jean-Claude Golvin, L’Amphithéâtre de Poitiers,
aquarelle (détail), 2007.

LE MOYEN ÂGE (5E – 12E S.)
Le haut Moyen Âge
Les remarquables sculptures de l’hypogée des Dunes (6e-8e s.), site mérovingien d’exception situé sur les hauteurs de Poitiers, sont exposées dans un espace dédié aux premiers arts chrétiens. Y trouve également place l’étonnant décor de stucs (vers 500), de Vouneuil-sous-Biard que l’on peut rapprocher de ceux de Ravenne en Italie.
L’Âge roman
Quelques marches invitent à une belle introduction à la ville médiévale des comtes de Poitou. Les collections présentent des inscriptions et des œuvres sculptées, héritées d’édifices parfois disparus. Le chapiteau de La Dispute, œuvre majeure de l’art roman, proviendrait quant à lui du pilier de justice du bourg Saint-Hilaire. Parmi les arts du feu, le vase-reliquaire de l’abbaye de Saint-Savin est un rarissime témoin d’une production de verres bleus de prestige soufflés au 11e siècle et fréquemment trouvés en Europe occidentale dans les lieux de pouvoir.
Chapiteau dit de La Dispute, 11e siècle, calcaire,
provenance : quartier Saint-Hilaire, Poitiers.

LES BEAUX-ARTS
Le parcours Beaux-arts invite à la découverte de la peinture ancienne, des grands formats italiens et français ainsi que des œuvres des 19e et 20e siècles, du néoclassicisme à l’école d’Ingres, des tableaux de Salon au Symbolisme et jusqu’à l’art moderne. La sculpture ponctue l’ensemble du parcours, en particulier l’œuvre d’Auguste Rodin et de ses praticiens.
L’art ancien (14e – 18e siècles)
Le parcours chronologique permet la découverte du Trecento (fragments d’un polyptyque italo-byzantin par Paolo Veneziano) ainsi que du Siècle d’Or des écoles du Nord, dont des natures mortes (Ambrosius Bosschaert), des paysages flamands et hollandais (Daniel Seghers, Marten Van Valkenborch, entourage de Brueghel de Velours), des scènes de genre (Téniers le Jeune), des scènes religieuses (Hendrick Bloemaert), de la peinture d’Histoire italienne et française (grands formats de Giovanni Lanfranco et de Jean-Baptiste Marie Pierre).
Le 19e siècle
Les salles s’organisent selon les grands courants artistiques de l’époque : aux néoclassiques inspirés de l’Antiquité (Louis Gauffier, Jacques-Augustin Pajou) succèdent les partisans de la ligne (Jean Broc, Jean Dominique Ingres, Hippolyte Flandrin). Les grands formats rappellent l’art du Salon et voisinent avec les œuvres orientalistes (Théodore Chassériau, Eugène Fromentin) ou historicisantes tandis que le courant symboliste rayonne autour d’une monumentale Sirène signée Gustave Moreau (Odilon Redon, Eugène Carrière). Enfin, les paysages de Pierre-Henri de Valenciennes ou d’Eugène Boudin scandent l’évolution de ce thème tout au long du siècle, entre classicisme et modernité. Les marbres (James Pradier) et bronzes (Antoine-Louis Barye, Auguste Rodin, Aristide Maillol) ponctuent la visite, en particulier le fonds exceptionnel consacré à Camille Claudel.
Aristide Maillol, Les Nymphes dans la prairie, c. 1930-1937, bronze.
©Jean-François Fort.

L’art moderne au 20e siècle
Aux formats intimistes de Pierre Bonnard et Édouard Vuillard succèdent un paysage inattendu de Piet Mondrian, annonciateur de l’abstraction et des « modernités » (Albert Marquet, Jean Puy, Henri Doucet, Maria Blanchard, Pierre Ducos de la Haille). Le parcours réserve par ailleurs une place de choix à la figure féminine, de la femme modèle, la muse, l’égérie, à la femme artiste, émancipée, créatrice, pionnière, mécène, voyageuse. Les collections sont ainsi très fortement marquées par l’art de l’entre-deux- guerres où rayonne la présence de ces femmes, artistes ou modèles, parmi lesquelles : la pionnière Odette Pauvert, la princesse russe Natalie Paley, la fantasque marquise Casati, la polyvalente Sarah Lipska, la singulière Romaine Brooks, la danseuse et mécène Ida Rubinstein, l’indomptable écrivaine Colette ou encore l’élégante Madame Olmazu par Albert Braïtou-Sala.